Ce texte a remporté le deuxième prix d'un concours d'écriture organisé par Psychologies Magazine en 2022
Elle sent sur sa joue la caresse de ta main. D'un geste délicat, tu essuies les larmes qu'elle n'a pu contenir. Instant magique. Elle a tellement rêvé t'entendre prononcer ces mots qu'elle peine encore à y croire.
En les écoutant, elle a baissé la tête, pour entrer à l'intérieur d'elle-même. C'est une habitude que tu ne lui connaissais pas. Une habitude qu'elle a prise depuis que tu es parti. Que tu l'as quittée.
Elle a baissé la tête et elle a regardé vos pieds qui se faisaient face, persuadée que les tiens allaient faire volte face, que soudain ils allaient changer de direction, t'emportant au loin. Mais non. Ils sont restés solidement ancrés dans le sol, tandis qu'elle peinait à maintenir en équilibre son corps chancelant. Alors elle a pleuré. Silencieusement. Et elle a fermé les yeux, comme pour empêcher les larmes de couler, ou pour qu'elles coulent à l'intérieur, et que cette eau éteigne le feu qu'en quelques mots tu avais rallumé et qui la consumait.
Combien de temps est-elle restée ainsi, les yeux clos face à toi ?
Combien de temps l'as-tu regardée jusqu'à ce que de ta main fraîche sur sa joue brûlante, tu la ramènes à la réalité ?
Comme sur un écran, j'assiste au charmant spectacle de cet amour renaissant. Comme je la comprends. Comme je l'aimais moi aussi la caresse de ta main.
Elle relève la tête et plonge ses yeux embués dans les tiens, qui s'illuminent sous le soleil radieux.
Il me semble pourtant qu'il pleut. Qu'il pleut sur moi, sur mes espoirs et sur ma vie, car ta bouche à présent se rapproche de la sienne. Je baisse les yeux.
Vos retrouvailles ont scellé nos adieux.
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