Ce poème est extrait du recueil 'J'ai pleuré des soleils" à paraître en Juillet 2022 aux éditions L'ire de l'Ours.
Mes épaules sont couvertes d’un manteau de plumes,
Et lorsqu’au ciel s’éveille la lune,
Il me change en oiseau des brumes.
Déesse sacrificielle,
Mon cou gracile est orné d’un collier d’ambre cuivré
Et sur mes joues au goût de miel
Perlent des larmes aux mêmes teintes mordorées.
Tu mènes loin de moi, ton combat contre l’Au-delà.
L’épaisse fourrure qui te protège
N’entrave pas
L’ardente morsure du froid.
Tu dors étendu dans la neige,
L’arme à la main et l’esprit incertain.
Âpre et mélancolique guerrier,
Tu te penses condamné
A lutter sans répit
Contre le passé aboli
Et même assoupi,
Tu guettes l’ennemi.
Mais ce n’était que moi !
Regarde, mes fines pattes ont laissé leur empreinte sur le sol froid.
Tu n’as perçu dans le sommeil où tu étais plongé,
Que le bruissement de mes ailes dans le vent glacé.
Tes yeux brusquement se sont ouverts
Mais ton corps, alourdi par le froid d’hiver,
Peine encore à se redresser. Prisonnier du trépas,
Ton cœur figé par la glace ne guide plus tes pas,
Et ce n’est qu’à la force de ton mental ennemi
Que tu parviens à ancrer tes pieds engourdis
Dans la neige épaisse où tes émotions sont enfouies.
Alors, la tête vers le ciel, tu le parcours de ton regard obscur,
Mais j’ai déjà disparu dans les nuages purs...
J’ai rejoint le monde dont je suis Reine
Où nul ne réclame de moi
Que je me mue en oiseau de proie
Pour le rejoindre en rêve
Et m’échapper à son réveil.
Ici, tout mon être irradie sans éblouir.
Même ma peine est lumineuse
Car sur mes joues coulent, quand je pleure,
Des larmes d’or radieuses.
J’ai fini de courir les pieds nus dans la neige d’hiver.
J’ai fini de m’y brûler les chairs.
Fini aussi de me blottir contre le vide
Et d’enrouler mes bras autour de ta silhouette livide.
Tu n’es plus que l’ombre cadavérique de l’homme que je t’ai vu incarner.
Tu n’es que le fantôme achromatique de ta vérité.
Mais moi je brille, vois-tu !
Je brille sans artifice !
Mon cœur goûte aux délices d’une vie loin des abysses.
Et dans le ciel d’été, mon corps éclate en étincelles flamboyantes
Et irradie l’espace de mille couleurs chatoyantes.
Je ne viendrai plus te rendre visite dans ton sommeil.
Peu m’importe à présent, que tu t’éveilles.
J’abandonne mon manteau de plumes chamarrées
Et ne garde, pour couvrir mon corps dénudé,
Que ce collier d’ambre et d’or serti
Qui dit de moi ce que je suis.
Femme dorée,
Femme de lumière auréolée,
Femme de Feu et de Soleil ornée.
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