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  • Photo du rédacteurEmmanuelle DESCAMPS

Dans la psyché

Cette nouvelle érotique a été proposée pour le PNE (prix de la nouvelle érotique) mais n'a pas été retenue. Elle a été écrite sous contrainte et en une nuit. Le thème était "L'amour est un chien de l'enfer". Elle devait se terminer par le mot "ampoule".


Lorsqu’elle était petite fille, sa mère lui avait offert une magnifique psyché tout d’or décorée et qui trônait au pied de son lit. La nuit, la douce clarté de la lune illuminait ses draps blancs et éclairait le miroir dans lequel elle se regardait s’endormir.

A présent, elle vivait seule dans un petit appartement. Sa chambre ne ressemblait plus à celle qu’elle était autrefois. Les teintes de rose et de nacre avaient disparu pour laisser place à un univers plus austère, tout de bois et de blanc, mais la psyché, elle, était toujours là. Elle occupait cette même place étrange, et il était impossible de s’y regarder sans être assis ou allongé sur le lit.

Trente années avaient passé depuis que sa mère lui avait offert ce grand miroir penché et c’était la seule chose que Diane avait gardé de son enfance. Il était davantage qu’un simple objet décoratif. Il lui renvoyait la seule image d’elle-même qu’elle appréciait. Une image un peu floue parce que visible uniquement dans la pénombre, lorsque la nuit était là et que les lumières étaient éteintes. Une image réconfortante aussi, qui lui permettait de ne jamais dormir seule, de ne jamais se sentir abandonnée, quand le silence tout à coup, régnait dans la maison et dans la ville.

Diane ne s’aimait pas. Elle avait toujours pensé qu’elle portait bien mal son prénom. Elle n’avait rien d’une chasseresse. Encore moins d’une déesse. Et pourtant, lorsqu’elle marchait dans la rue, ou qu’elle entrait dans un bar bondé, elle sentait toujours sur elle les regards insistants des hommes qui parcouraient son corps. Et lorsqu’une discussion s’engageait avec l’un d’eux, elle voyait comme ses yeux fixaient ses lèvres lorsqu’elle parlait. Et elle savait bien à quoi il pensait. Si Diane ne s’aimait pas, ce n’était pas parce qu’elle n’était pas jolie. C’est parce qu’elle l’était trop. Et que ni son corps ni son visage ne disaient qui elle était vraiment. Grande, blonde, les hanches larges, la taille fine et les seins lourds, elle était un cliché, un stéréotype sexuel. Elle éveillait malgré elle des désirs charnels dont elle se serait bien passée. Parce qu’elle était simple, au fond. Elle n’aimait rien davantage que de se mettre au lit avec un livre et un thé et n’avoir pour seule compagnie que son reflet réconfortant dans la psyché.

Elle avait d’ailleurs beaucoup lu sur la déesse de l’âme qui avait donné son nom à son miroir. Et souvent, elle pensait qu’elle aurait dû s’appeler ainsi. Que ce prénom-là, celui qu’elle donnait à son reflet, lui aurait mieux convenu, car Psyché était très belle et souffrait elle aussi de cette beauté. Les hommes venaient l’admirer comme on contemple une œuvre d’art mais aucun ne souhaitait l’épouser. Aucun ne souhaitait partager avec elle, ces moments simples de vie à deux, car ils pensaient qu’elle méritait davantage. Diane était aussi seule que Psyché l’était. Mais elle, au moins, était seule à deux. Seule avec son reflet, seule mais dédoublée. Une Diane de jour et une Diane de nuit, une Diane réelle et une Diane fictive, qui n’était pas celle qu’on aurait pu croire. Car finalement, c’était seulement quand elle se regardait dans la Psyché, quand démaquillée et nue elle se couchait, qu’il lui semblait être parfaitement elle, sans fard, sans faux-semblants, sans ces masques que la société l’obligeait à porter, sans ces rôles qu’on la forçait à jouer, à incarner même. Diane donc, était seule, vivait seule et acceptait plutôt bien cette condition jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse.

Il s’appelait Clovis. Il avait le regard vert et mutin, les cheveux bruns et le corps dur et quand elle faisait glisser ses doigts de ses épaules larges à son sexe tendu, elle sentait la parcourir de ses reins à son cœur, une vibration qu’elle n’avait jamais connue, comme la sensation soudaine que ses deux elles s’étaient harmonisées, que de tout son corps et de toute son âme, elle aimait cet homme qui regardait ses yeux quand elle parlait. La première fois qu’il était venu chez elle, il avait ri en découvrant la psyché au pied du lit. Elle n’avait pas su quoi répondre. Sur l’instant, elle avait même cru qu’il se moquait d’elle. Mais lorsqu’il lui faisait l’amour, il la faisait se mettre face au miroir. Alors il la contournait, saisissait ses hanches et tandis qu’il la pénétrait, il lui disait : « C’est le moment de faire l’amour à tes deux toi. » Et à travers le miroir, ils se regardaient jouir l’un l’autre. En Clovis, Diane avait cru trouver celui qui l’aimerait pour sa double identité, qui saurait voir au-delà des apparences, au-delà de son corps et trouver son âme. Pourtant, il était parti. Un soir, il l’avait appelée pour lui dire qu’il ne reviendrait pas lui faire l’amour face à la psyché. Et en elle, elle avait senti se briser ses os comme éclate un miroir sur lequel on frappe à coups de poings. D’abord, un impact, puis des fissures et des morceaux de verre qui se disloquent et finissent au sol.

Pendant plusieurs jours, Diane était restée au lit, face au miroir, à pleurer sur son sort. Et un matin, elle s’était finalement levée, avait saisi la psyché pour l’emmener avec elle dans l’ascenseur. Elle avait descendu les cinq étages qui la séparaient du sous-sol, s’était dirigée vers le local qui lui appartenait, avait donné un tour de clé dans la serrure, ouvert la grille, posé la psyché à l’intérieur, puis elle était repartie sans même un regard sur son reflet, qui l’avait sans doute vu s’enfuir, interloqué. C’en était fini de la difficulté d’être soi ! Puisqu’on n’avait pas voulu d’elle alors qu’elle était si près de son âme, elle n’irait plus fouiller dans ses tréfonds, à la recherche de son moi profond. Elle incarnerait celle que son corps imposait qu’elle soit. Elle serait chasseresse, piquant de ses flèches le gibier peu farouche. Elle serait déesse des enfers, guidant les hommes, de la vie à la petite mort.

De ce jour, Diane arpenta bars et clubs en quête de proies désirables. Elle agissait toujours selon le même scénario imparable. Une jupe courte et un tabouret de bar. Elle s’installait, les jambes croisées, et elle attendait. Les hommes qu’elle rencontrait étaient tous les mêmes. Ils l’abordaient avec les mêmes phrases toutes faites, lui parlaient avec la même voix suave, posaient leurs mains sur ses bras et ses genoux pour enclencher les préliminaires, et pensaient lui plaire parce qu’elle riait à leur séduction grossière comme si personne, jamais, n’avait eu l’audace de l’approcher avec autant de verve et de dextérité. Et ils y croyaient, les imbéciles. Ils y croyaient si fort que leur cervelle soudainement se mettait à se racornir jusqu’à totalement disparaître. Et c’est à ce moment-là, lorsque dans leurs yeux vides ne brillait plus que la lueur sombre de leur désir lubrique, qu’elle empoignait leur sexe à travers leur pantalon. Ils la suivaient alors, comme un chien tenu en laisse, jusqu’à son appartement et toute la nuit, enorgueillis par ses cris de jouissance et ses yeux révulsés, ils la baisaient jusqu’à ce que son corps ne réponde plus. Au matin, ils partaient, les jambes fatiguées et le sexe pendant, mais la virilité valorisée. Elle leur avait abandonné son corps, elle avait tremblé dans leurs bras, et même susurré à leur oreille, des mots crus et avilissants, et ils s’étaient senti puissants. Si masculins face à cette femme qui croyait devoir incarner sa féminité dans la soumission. Elle disait juste « Claque la porte derrière toi ». Alors, ils partaient et dans le petit matin qui se levait, ils refermaient la parenthèse et retournaient à leur vie. Certains se vanteraient de l’avoir baisée, d’autres garderaient secret cette aventure, mais y repenseraient chaque fois que leur sexe dur pénétrerait leur femme, et bien sûr, certains oublieraient. Mais aucun jamais ne saurait que cette nuit-là, dans les bras de Diane, ils n’étaient pas seuls. Aucun ne saurait qu’au moment de l’orgasme, leur visage s’était confondu à celui d’un autre, qui déjà s’y était superposé tandis qu’il la chevauchaient. Chacune de ces nuits de luxure où Diane se laissait remplir par le sexe de ces hommes hasardeux, c’est avec Clovis qu’elle faisait l’amour. Son fantôme, malgré elle, s’invitait dans la pièce et au-dessus d’elle, à chaque coup de rein, il se faisait plus prégnant, jusqu’à effacer complètement le visage réel de celui qui profitait de son extase. Car c’est quand il revenait, quand enfin il lui apparaissait, qu’elle perdait le contrôle d’elle-même et défaillait. Alors l’autre pouvait tout lui faire. Il n’y avait plus aucune limite à ce qu’elle autorisait. Elle en demandait toujours plus, on la traitait de « chienne » et elle le réclamait. Parce que tant qu’ils étaient là, tant que sur son corps ils s’acharnaient, tant qu’ils n’avaient pas suffisamment joui, Clovis restait. Et c’était tout ce qui comptait pour elle. Que son fantôme ne s’évapore pas et qu’elle puisse s’endormir dans ses bras. Comme Psyché, dans les bras d’Eros.

Enfant, elle adorait cette histoire. Elle l’avait lue de multiples fois. Aphrodite, jalouse de la beauté de Psyché, avait demandé à son fils Eros de condamner d’une flèche sa concurrente en la faisant marier à un homme d’une insoutenable monstruosité. Mais Eros, bien sûr, étant tombé amoureux de Psyché, ne s’était pas exécuté. Il avait installé son aimée dans un palais, et chaque nuit, dans le noir et sans dévoiler son identité, il venait lui faire l’amour.

Ce matin-là, en s’éveillant, Diane avait repensé à cette légende et elle s’était demandé si ce qu’elle avait cru être la plus belle des histoires d’amour n’était pas finalement la pire. Psyché offrait son corps à un invisible, et l’aimait sans pouvoir le voir, sans même savoir qui il était. Et Diane, comme elle, s’abandonnait à des mains qu’elle ne voyait pas et n’aimait qu’une idée, un être de brume pourtant bien réel mais qui n’existait pour elle qu’en pensée.

A quoi s’était-elle réduite ? Elle s’était rêvée déesse des enfers, femme fatale et sorcière, libre et indocile, en pleine possession de ses pouvoirs sacrés, mais il n’en était rien. Des enfers elle n’avait même pas passé la porte d’entrée. Le chien à trois têtes, le monstrueux Cerbère, la tenait prisonnière, car c’est bien à lui qu’elle ressemblait, ces nuits d’ivresse, quand sur elle se penchait le visage d’un inconnu auquel se superposait celui de l’être aimé. Une « chienne », c’est bien ainsi qu’on parlait d’elle… Et elle songea à l’ironie d’une telle insulte prononcée par ces hommes qui participaient malgré eux à cette mascarade qu’elle se jouait. Quand elle se rêvait Perséphone, lui s’imaginait en Hadès, mais tous deux n’étaient que les têtes encadrant celle centrale du monstre canin, et le regard hagard et la gueule ouverte et pleine de bave, elles attendaient que décide d’agir la tête dominante, au cou droit et aux yeux sûrs. Clovis la contrôlait par sa fuite et son absence. C’est lui qui avait fait d’elle ce qu’elle était devenue. Lui qui parce qu’il ne réapparaissait que lorsqu’elle jouissait, l’avait contrainte à la débauche.

Ce jour-là, elle passa tout son temps au lit. Quand la nuit tomba, elle se leva, s’habilla, puis sortit. Elle savait exactement où elle allait. Un club dans lequel elle n’avait jamais mis les pieds parce qu’il n’était pas dans son quartier et qu’il fallait traverser toute la ville pour s’y rendre. Mais il s’appelait « Les feux de l’enfer ». Elle s’était dit, non sans humour, que si elle passait la porte de ce bar, symboliquement, cela lui permettrait peut-être de quitter les pattes de Cerbère et de prendre la place qu’elle espérait sur le trône infernal.

L’endroit était minuscule mais quand elle arriva il n’y avait personne. Elle prit un cocktail et s’installa à une petite table haute près de la piste de danse. Lorsque le monde arriva, elle n’avait pas bougé. Elle observait dans le silence et sans la moindre expression sur son visage, les couples autour d’elle qui se formaient au son de la musique trop forte, presqu’oppressante. Elle ne savait vraiment pas ce qu’elle était venue faire là. Personne ne la remarquait ou quelques jeunes filles qui lui souriaient avec condescendance, parce qu’elle était bien trop vieille pour se mêler à cette foule et qu’aussi belle soit elle, elle portait tout de même ses 40 ans sur son visage. Elle s’apprêtait à partir, songeant qu’elle avait fait ce qu’elle avait à faire, passer la porte symbolique des « feux de l’enfer », mais la barmaid l’interpella alors, pour lui demander si elle accepterait que deux personnes s’installent avec elle. Le bar était bondé et les jeunes hommes avaient pris une bouteille. Il leur fallait une table. Elle accepta mais se tut avant de dire que de toute façon, elle s’en allait. La vingtaine arrogante, les deux Adonis s’installèrent avec elle. Rapidement, l’un d’entre eux engagea la conversation, et remplissait son verre sans qu’elle ne lui demandât rien. Elle se laissa faire et but sans compter quantité de vodka Red bull, un mélange qu’elle ne connaissait pas. Ce n’était sans doute pas de son âge. Elle était ivre et comprit qu’elle était en passe de perdre le contrôle lorsqu’au fond de la salle, elle aperçut la silhouette fantomatique de Clovis. Un instant, elle se demanda s’il était vraiment là, mais serait-il ainsi resté immobile, le regard fixé sur elle, s’il avait réellement décidé de venir passer la soirée dans ce bar ? Elle se leva un peu sonnée, traversa la piste au milieu de la foule mais plus elle avançait, plus l’ombre de Clovis s’éloignait. Il n’était pas là. Et visiblement, elle non plus… Elle fit volte-face et se trouva nez à nez avec l’un des deux Apollon qui l’avait suivie.

« Tu vas où comme ça ? Tu veux danser ? »

Elle colla son corps contre le sien et l’embrassa. Ses lèvres étaient chaudes et avaient un coup sucré. Elle les lécha puis sa langue avide pénétra sa bouche. Elle sentit ses mains se poser sur ses seins et ses fesses. Elle avait envie qu’il la morde et qu’il l’empoigne avec force, qu’il lui fasse mal. Elle avait besoin de se savoir en vie. Dans son dos, elle sentit un corps se coller. Elle se retourna. C’était l’autre homme qui les avait rejoints. Elle était prise dans un étau dont elle n’avait aucune envie de s’extirper. Au milieu de la foule serrée, personne ne pouvait deviner ce qu’il était en train de se passer. Sous sa jupe, elle sentit glisser une main, qui écarta la dentelle de sa culotte et pénétra son sexe humide. Elle sentait les va-et-vient de ces doigts avides tandis qu’elle embrassait une bouche, puis l’autre. Trois autres mains la parcouraient, mais elle ne savait dire lesquelles étaient à l’un, lesquelles étaient à l’autre. Elle sentait surtout s’accélérer entre ses lèvres les mouvements des doigts qui la pénétraient. A travers son tee-shirt, on pinça son sein. Ce geste furtif mais intense la fit tressaillir. Elle était prête à jouir quand les doigts sortirent tout à coup de son sexe. Alors, sur ses jambes elle sentit dégouliner un peu de sa féminité. Elle plongea ses yeux dans ceux de celui qui venait de la priver de sa jouissance et lécha ses doigts humides. « Rentre avec nous », lui dit-il.

Ils sortirent du bar tous les trois. En s’éloignant, elle se retourna. Aucune ombre ne la suivait. Elle prit les deux garçons par les épaules, sûre d’elle. Elle regarda l’un puis l’autre. Ils la bouffaient des yeux. Ils crevaient de désir pour cette femme qui semblait experte à pouvoir les faire bander et jouir. Qu’allait-il se passer une fois dans l’appartement où ils l’emmenaient ? Elle s’en fichait. Elle ne voulait qu’une chose, profiter du statut qu’elle avait en cet instant. Elle était la tête dominante ! Enfin ! Elle maîtrisait ses pensées, et donc elle maitriserait son corps. Elle avait envie de leur donner autant qu’elle recevrait d’eux.

Quand ils arrivèrent, elle se déshabilla immédiatement et nue, les contraignit du regard à la caresser et à la lécher. Ils parcoururent son corps de leurs mains et de leur langue. Elle jouit une fois, debout. Et ses jambes flanchèrent. Alors, elle s’agenouilla. Ils se dévêtirent et elle se délecta de leurs deux sexes tendus avant de s’abandonner avec eux à l’extase. Ils idolâtrèrent son corps. Et elle les aima. Parce qu’aucun visage ne se superposa aux leurs et qu’elle s’autorisa à se perdre dans la contemplation de leurs corps durs, avant de s’endormir entre eux.

Quand elle rentra chez elle, elle descendit d’abord au sous-sol et remonta sa psyché dans son appartement. Elle avait compris que si elle voulait vivre libre, elle devait non pas contrôler, mais s’abandonner. Elle devait non pas agir, mais accepter. Non pas donner, mais recevoir. Et recevoir vraiment. Recevoir ce qui est offert, sans regretter de l’avoir déjà eu, ou se plaindre que ce n’est pas assez. Elle avait compris qu’elle n’était ni Diane, ni son reflet dans la psyché, qu’elle n’était autre que le résultat de ses interactions avec les autres, que l’on change et que l’on évolue selon ce que l’on vit, qu’aucune image de soi n’est jamais figée, gravée dans le marbre, et qu’aucune de celles qu’on décide d’incarner n’est meilleure ou pire qu’une autre, tant qu’on est authentique, alignée avec ses envies de l’instant, ses ressentis profonds, et que l’on agit ni pour se consoler, ni pour se punir, mais juste pour expérimenter la vie.

Quand Psyché descendit aux enfers, punie par Aphrodite qui voulait qu’elle vole Perséphone, elle enivra Cerbère pour pouvoir passer. Et quand elle ressortit, le chien à trois têtes dormait toujours. Elle tenait dans ses mains la petite boîte qui gardait le secret de beauté de la déesse. Ne sachant résister à la tentation de connaître ce secret, Psyché entrouvrit la boîte. Une brume épaisse et noirâtre s’en échappa et la belle nymphe, en un instant, devint laide. En se découvrant dans le miroir, elle s’évanouit. C’est Eros qui lui rendit sa beauté en lui offrant son amour au grand jour.

Diane songeait à cette histoire tandis qu’elle dépoussiérait le miroir qu’elle avait installé dans l’entrée, et elle se dit qu’elle n’avait pas besoin, elle, que Clovis lui revienne pour conserver sa beauté, parce qu’aucun amour ne nous sauve de nous-mêmes, si ce n’est l’Amour de soi.

Elle écrivit cette phrase, comme un mantra, au feutre noir sur la psyché, pour toujours s’en souvenir, pour qu’en elle, sur son corps et dans sa tête, ces mots s’imprègnent et fassent d’elle une Reine, comme l’huile sacrée dans la Sainte Ampoule.


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